LES ORDRES RELIGIEUX A REVEL (Xe-XXe s.).

 

D’après frère Vincent FERRAS  le  27 novembre 1993 

Abbaye d'en Calcat  

81110 DOURGNE

(tiré de la monographie : L’église Notre Dame des Grâces de Revel – le doyenné de Revel-Caraman-Lanta (Archidiocèse de Toulouse. Publication du CERCOR)

 

 

 

La ville de Revel a possédé plusieurs communautés religieuses masculines et féminines au cours de sa longue histoire, parfois tragique...

 

1.- Les Antonins ou Religieux dits de : "Saint-Antoine de Viennois"

2. - Les Bénédictins (tous moines, clercs ou non-clercs) (en principe tous profès de l'Abbaye de Sorèze!)

3. - Les Doctrinaires ou Religieux Enseignants (tous prêtres)

4. - Les Dominicains ou Frères Prêcheurs ou Jacobins (clercs ou non-clercs)

5. - Les Frères des Ecoles Chrétiennes ou (Religieux Enseignants tous non-clercs)

 

Les Antonins.

 

Présents dans les remparts de la ville (1344), leur établissement se situait à l'actuel emplacement de l'immeuble Fourès.

Leur Maison-Mère était l'abbaye des Chanoines Réguliers de St-Augustin, à Vienne-en-Dauphine (d'où la désignation de "Religieux de Saint-Antoine le Viennois"), connus à Revel sous cette appellation : au départ (1095), ils avaient le titre de "Religieux Hospitaliers de Saint-Antoine du T", et, à Revel, ils étaient responsables de la Maladrerie ou Léproserie et de la Chapelle de Saint-Roch (actuel cimetière?). Ils quittèrent la ville définitivement pendant les Guerres de Religion (XVIe siècle). Leur présence dura deux siècles.

 

 

 Les Bénédictins.

 

Tout le pays revèlois, versants Aude ou Tarn, était autrefois une immense forêt (Vaure/V = F/Faure/Fore/Forêt) (!) et c'est en plein cœur de cette immense solitude, que les moines Bénédictins de Ste-Marie de la Sagne, à Sorèze, s'installèrent et créèrent autour de leur Prieuré Conventuel, quelques annexes.

 

L'Abbaye royale de Sorèze a été fondée en 754, elle devint très vite prospère, tout autant que sa consœur de Saint-Jean-de-Mallats, aujourd'hui Montolieu (Aude). Les documents (peu nombreux... documentation tardive, fin XVIIIe s.), citent Revel comme Annexe (je dirai "Courtis" (=lieu habité... sous la forme d'un petit prieuré simple) (deux moines), ou Sanctuaire de Pèlerinage, par exemple celui de Notre-Dame de Fraïsse ! Les moines avaient l'habitude de desservir ces "sanctuaires locaux, au Moyen Age",

tel celui de la Basilique St-Vincent de Saragosse, construit par eux, proche de Notre-Dame de la Platé, à Castres ;

tel, celui de Cazères-sur-Garonne, dédié à la Vierge Marie ou à la Dame Noire, d'où l'autorité abbatiale de Montserrat, Catalogne, pendant des siècles, assurée par ses moines, l'accueil et le Service Divin, pour les pèlerins allant vers St-Jacques de Compostelle ; ou bien encore, les Cisterciens de Fontfroide, près de Narbonne, qui avaient une "halte spirituelle" au bord de la Mer Méditerranée, nombreux, en particulier pour fêter la Semaine Sainte en Catalogne française et espagnole.

 Pour mener la Vie monastique, il ne peut y avoir communauté sans Oratoire, lieu de silence, de prières et recueillement... si modeste soit-il? - Nous ne le savons pas. - 1350 est la date retenue pour voir une église se bâtir à Revel même... église paroissiale..., mais, entre temps ? - Il y avait l'église conventuelle des Religieux Hospitaliers Antonins, à la Maladrerie... ; il semblerait que la leur aussi, fut détruite en même temps que Notre-Dame des Grâces ; elle abritait des prêtres séculiers, pour le service des nombreux Obits, installés tout autour de la ville et à la campagne, même en Montagne Noire (il en existe encore un à Dourgne, vers la Montagnarié) (!). - Revel devint Bastide en 1342 ; l'on ne sait rien sur le départ des Moines Bénédictins de Revel : mais encore annexe des Bénédictins de St-Sernin de Vaure, en 1789, (d'après Etienne Daulura, Bénédictin - Mauriste, établi à l'Abbaye de Sorèze), lui-même cite le MS lat. 12697, fol.256-74, AD.Tarn sér.F fonds Carrère. - A cette époque, Dreuilhe et Vaudreuilhe étaient toujours dépendants des moines vauréens.

 

 

Les Doctrinaires ou Religieux Enseignants.

 

Fondés (pour la France), par le Vénérable César de Bus (1553-1607), ces derniers furent rattachés à l'Ordre des somasques - pour ne pas sombrer - comme "enseignants". Ils étaient tous religieux-prêtres.

Cependant, ils n'ouvriront des Collèges privés que vers 1626 : à Revel, en 1680 ; auparavant Avignon, Brive, Toulouse... 40 établissements scolaires dans notre région : Castelnaudary, Lavaur.

Leur emplacement, l'actuel Hôtel de la Lune. Ils vécurent et enseignèrent là, jusqu'en 1715 ou 1778, d'après l'historien de Revel, le Frère Léodère Géry, de l'Institut des Ecoles Chrétiennes, (début du siècle).

 

 

Les Dominicains ou Frères Prêcheurs ou Jacobins.

 

Ils vécurent à Revel de 1377 à 1789. Il n'y a pas encore très longtemps les anciens revèlois donnaient le nom de "Galerie des Moines", à l'emplacement du Couvent des Dominicains (qui n'étaient pas des Moines, mais des "Mendiants" (comme les Franciscains, Conventuels, Cordeliers, Récollets, Capucins, Carmes, Trinitaires, Mercédaires, Servites de Marie, etc...) - A l'Ouest, l'on avait construit leurs bâtiments conventuels, vers la place centrale (halle), au Midi, l'actuelle rue Georges Sabo ; rue Jean Moulin, Escoussières, etc... il y avait un petit cloître gothique, un chapitre conventuel ou salle capitulaire, un dortoir et quelques cellules (chambres), une infirmerie, une cuisine et des diverses dépendances, enfin, une église conventuelle à 4 chapelles latérales : un jardin potager avec, au centre, une fontaine.

Tel était le "Couvent Dominicains de Revel", appelé "le Petit Saint-Thomas", par opposition à celui du "Grand Saint-Thomas de Toulouse". En 1576, les Frères dominicains présents à Revel, subirent le martyre : "... les représailles - de la part des coreligionnaires - exercées sur les Frères, furent terribles". 1789, fut, semble-t-il, la dernière année de leur présence à Revel.

 

Les Frères des Ecoles Chrétiennes.

 

Fils spirituels de Saint Jean-Baptiste de la Salle, prêtre séculier à Reims (1651-1719), ces Frères enseignants, vécurent des heures douloureuses, mais aussi exaltantes, dans la population revèloise. Les évènements politiques du début de ce siècle, les chassèrent, - mais pas sans mal - car ils avaient le soutien de toute la population, aux dires de l'historien local de l'institut, le Frère Léodère Géry, lui-même ancien directeur de l'Ecole des Frères.

Ils arrivèrent à Revel le 2 décembre 1825 ; l'Ecole et la Communauté étaient installées au 2, rue du Taur, et le Temple actuel. Puis, trouvant les bâtiments trop exigus, ils s'installèrent de nouveau à l'emplacement de l'école laïque (route de Sorèze, à l'angle du carrefour) ; laïcisés de force en 1884, puis expulsés manu militari... de là, ils se réfugièrent en ville (pour la 3ème fois), dans un local de Montégut-Saint-Julia. Depuis 1903, c'est l'exil forcé et définitif (Loi Emile Combes). Le vitrail du saint Fondateur des Frères des Ecoles Chrétiennes, est toujours en place, dans l'église Notre ­Dame des Grâces, seul souvenir de la présence des Frères à Revel.

 

Les Filles de la Charité ou Sœurs de Saint-Vincent de Paul

 

Les filles spirituelles de "Monsieur Vincent" arrivèrent à Revel en 1836 (même époque de l'arrivée des Servantes de Marie d'Anglet à Auriac - sur - Vendinelle).

Elles restèrent dans la cité sous plusieurs formes d'apostolat soit à la Paroisse, comme Enseignantes, comme Hospitalières , etc... jusqu'en mai 1993. Saint Vincent de Paul aidé par Sainte Louise de Marillac (1581 - 1660 & 1591 - 1660), voulait des "Servantes de Pauvres" et il leur disait : "les Pauvres seront vos maîtres" ;"votre Chapelle sera l'église de la paroisse (à Revel, Notre-Dame des Grâces) ; votre Cloître, la Rue "- Quel programme de sainteté et quel courage pour ces premières religieuses (!) non cloîtrées. Saint Vincent de Paul avait énormément de qualités, d'audace et de bons sens. C'était un gascon des Landes, un ancien berger, un roc de la nature, il avait été déporté comme esclave en Algérie, la souffrance fut son lot quotidien...

Les grands de ce monde, la Cour (le Versailles, le voyait venir à elle, parfois avec une soutane fort rapiécée... peu importe répondit-il à la Reine, là n'est pas l'essentiel ? C'est le saint le plus connu de France aujourd'hui ; il fait des émules nombreux, l'Abbé Pierre, Mère Thérésa, dans le monde entier. Ne lui donne-t-on pas le titre si beau de "Saint de la Charité".

Les cornettes blanches, disparues au moment du Concile Vatican II (1962) déambulent le long des rues de Revel et des environs ; puis le simple habit bleu, remplaçant l'encombrante tenue du XIXème siècle ; mais, elles étaient "reconnues" et "aimées".

 

  Les Filles DE la Croix de Lavaur.

 

C'était l'époque des grands saints et saintes de France : Saints Vincent de Paul (+ en 1660), François de Sales (+ en 1622), Jean Eudes (+ en 1680), Pierre de Bérulle (+ en 1629), Jean-Jacques Olier (+ en 1657), etc... Louise de Marillac (+ en 1660), Marguerite-Marie Alacoque, Visitandine (+ en 1690), Angélique Arnaud, Abbesse cistercienne de Port­ Royal (+ en 1661), pour ne citer que les plus célèbres.

A Lavaur, le siège épiscopal était occupé par un homme intelligent et intrépide, connaissant à fond son petit diocèse (1318-1792), qu'avait créé le pape français Jean XXII, de Cahors. Mgr Le Sauvage. C'est à lui que nous devons la fondation locale des "Filles de la Croix", aidé par Anne de Salles et plusieurs compagnes. Elles durent apprendre aux jeunes filles l'enseignement, la catéchèse, les travaux pratiques, etc...

Elles rayonnèrent partout dans "leur diocèse". Aujourd'hui, leur Maison de Retraite est située proche du Monastère des Moniales Clarisses et de la Cathédrale Saint ­Alain. Elles firent fusion, il y a quelques années avec les "Sœurs du Christ".

En 1786, Revel faisait partie du diocèse de Lavaur, (aujourd’hui de Toulouse). Les premières Filles ou Sœurs de la Croix de Lavaur, y arrivèrent le 12 novembre, venant d'une maison voisine fermée (St-Amans-Valtoret). C'est la municipalité qui acheta la Maison des Sœurs, à B. Lacombe. Cette communauté nouvelle - le pendant des Frères des Ecoles Chrétiennes, pour les garçons - remplirent leur contrat par l'enseignement auprès des jeunes filles pauvres ;(à Saint-Félix­de-Lauragais, à la même époque, elles étaient hospitalières à Saint-Roch). Leur présence ne dura pas longtemps à Revel, à cause des événements créés par la Révolution française de 1790. - C'est peut-être pour cela que le Frère Léodère Géry, dans sa monographie sur Revel, n'en souffle mot. Nous le regrettons!

 

Conclusion.

 

Le REVEL-RELIGIEUX est une réalité, l'église Notre-Dame des Grâces, en est le centre ; sur le plan archives, je n'ai rien pu trouver, excepté un plan axonométrique à la Mairie de Revel. Archives de l'Archevêché de Toulouse ? ou Départementales de la Haute-Garonne ? Pour l'instant ... rien sur "notre église paroissiale (en dehors des Registres paroissiaux, c'est évident).

 

L'Art sacré y tient sa place, témoin de la foi séculaire des chrétiens ; ses clochers majestueux vus de très loin, la font ressembler à une célèbre abbatiale ou cathédrale, disent les anciens (et le mot n'est pas trop fort!).

La période post-conciliaire de Vatican II, a donné un "coup de plumeau" qui était nécessaire. Jean XXIII a eu raison de le convoquer, malgré les nombreuses blessures provoquées et les joies exagérées, (j'en suis convaincu).

Après des années de turbulences, le calme, petit-à-petit revient.. car la sainteté elle, demeurera toujours. Nos Saints et Saintes, présents dans l'iconographie dans notre secteur religieux de Revel et de son grand Doyenné de : Revel-Caraman-Lanta, sont des rappels à une vie spirituelle profonde, c'est "leur signe", celui d'aujourd'hui, et puisse - t'il être entendu.